La force des discrets : Le pouvoir des introvertis dans un monde trop bavard
Résumé du livre de Susan Cain
Notre société a toujours eu tendance à privilégier les extraverties, ces preneurs de risques, qui parviennent toujours à s’imposer en groupe et qui ne sauraient vivre sans leur poignée de main quotidienne. Ils occupent des postes à responsabilités, car, dit-on, ils sont seuls capables de piloter le navire de la réussite.
Être introvertie n’est pas un défaut qu’il faut systématiquement gommer pour mieux vivre en société. Pourtant, peu sont ceux qui le savent. Beaucoup se reprochent d’être introvertie et s’évertuent à se transformer en quelque chose qu’ils ne sont pas.
Dans ce monde toujours plus extravertie, Susan Cain fait le choix dans son livre de faire l’éloge des nombreuses qualités des introvertis.
Dans ce résumé, vous découvrirez des théories actuelles sur l’introversion, de nombreux conseils pour être plus heureux et s’assumer en tant que introverti. Vous trouverez également dans le livre des pistes pour trouver un équilibre harmonieux entre introvertis et extravertis.
Chapitre 1 - Introvertis et Extravertis : même combat
L’auteur commence son argumentaire avec l’histoire de Rosa Parks, cette afro-américaine qui, alors qu’elle était tranquillement assise dans un bus, refusa de laisser sa place à un homme blanc. Arrêtée par la police, elle se voit infliger une amende de 15 dollars, avant de faire appel de son jugement. Son geste, qui devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis, ne laissa pas insensible un certain Martin Luther King. Le jeune pasteur noir alors âgé de 26 ans, lança une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus qui durera 380 jours. Quelques mois plus tard, la loi ségrégationniste dans les bus était abolie.
Rosa Park était une personne extrêmement réservée. Tout le contraire de Marthin Luther King qui était un orateur brillant, connu d’ailleurs pour son fameux discours intitulé “I Have a dream”.
Cette histoire nous rappelle qu’il n y a pas de lutte en introversion et extraversion, car les deux caractères peuvent s’entraider, se compléter et gagner des luttes ensemble.
Les extravertis sont sociables, beaucoup plus ouverts aux autres. Ils aiment être avec d’autres personnes aussi longtemps qu’ils le peuvent. Ils aiment se savoir entourés et ne supportent pas beaucoup la solitude. Ils sont à bien des égards le contraire des introverties. Ces derniers préfèrent le calme, un cercle très restreint de contact et survivent beaucoup facilement à la solitude.
Les extraverties puisent leur énergie dans leur interaction avec d’autres personnes, Quels que soient leurs caractères. Les introvertis quant à eux, tirent leur énergie dans le calme que procure une maison par exemple.
Pourtant, malgré ces différences de tempérament, c’est une grave erreur de vouloir constamment opposer les deux, quand ils peuvent se compléter et gagner ensemble.
Pour parvenir à un tel consensus, il est important que l’un comme l’autre, introvertie et extravertie, arrivent à se comprendre, malgré leurs différences. C’est ce que tente de faire Susan Cain dans son livre, qui vise à mieux comprendre chacune des deux parties.
Chapitre 2 - Les introvertis sont beaucoup plus sensibles leur environnement
Les introvertis qui pour des raisons professionnelles ou personnelles, se retrouvent entourés de multiples personnes durant des heures, voire des jours, ressentent toujours après une fatigue presque extrême. Ceci n’est pas un hasard. En effet, une introvertie est beaucoup plus sensible à son environnement.
Une expérience réalisée en 1989 par un professeur du nom de Kagan et qui court toujours, montre qu’il est possible, dès le plus jeune âge, de savoir si un enfant deviendra introverti ou extraverti. Pour ce faire, il réunit cinq cent nourrissons âgés de quelques mois dans son laboratoire de Harvard.
Ces nouveaux-nés furent exposés à une série d’expériences de nouveautés comme l’écoute d’un son inconnu (enregistrement), ou l’odeur d’alcool sur un morceau de coton. Environ 20% des enfants réagirent par des cris ou des pleurs. Le professeur les classifia le groupe dans la catégorie “Réactivité haute”. 40% des enfants qui ne réagirent pas aux différents stimulis furent mis dans la catégorie “Réactivité basse”. Les 40% restants se situaient entre les deux. Le professeur arriva à la conclusion que les enfants à forte réactivité avaient beaucoup plus de chance d’être des personnes réservées. Des expériences similaires furent menées avec les mêmes sujets. Les conclusions furent identiques.
Les réactivités hautes et basses correspondent respectivement à l’introversion et à l’extraversion. Les introverties sont beaucoup plus sensibles aux stimulus de leur environnement. Ainsi, alors que pour extraverti, qui a une réactivité basse, être de nombreuses personnes n’est pas un problème, un introvertie trouverait cela épuisant. En effet, chaque interaction est vécue de façon beaucoup plus profonde, ce qui est gourmand en énergie.
Cette sensibilité fait le charme des introverties qui prennent souvent plus de temps que les extraverties à réfléchir sur le monde qui les entourent. D'ailleurs de nombreux scientifiques comme Albert Einstein ou Isaac Newton étaient introverties. L’histoire raconte que c’est en recevant sur la tête une pomme tombée d’un arbre que le physicien anglais fit la découverte de la loi universelle de la gravitation. C’est parce qu’il s’était mis à l’écart de tous et fut sensible à son environnement qu'il fit la découverte d’une des lois les plus puissantes de notre univers.
Chapitre 3 - Il y a une différence entre introversion et timidité
On a tendance à qualifier les introverties de timides. Il n'y a rien de plus faux. Quand les personnes timides sont terrorisés à l’idée d’être jugés sur leurs apparences ou leurs performances, un introvertie préfère seulement être peu entouré parce que cela lui demande beaucoup d’énergie. Un environnement calme est en effet gage de moins de stimulus et donc de plus de ressources intérieures.
S’il existe effectivement des introverties qui sont aussi timides, il n’est pas exact de les associer systématiquement à la timidité. D’ailleurs il est tout à fait possible d’être extravertie et timide, tout comme un introverti peut ne pas l’être.
L’auteur cite, pour étayer son propos, Bill Gates, cofondateur de Microsoft et Barbra Streisand, une chanteuse, actrice, réalisatrice et productrice américaine. Alors que l'entrepreneur préfère évoluer dans un environnement calme (il ne travaille plus chez Microsoft depuis des années) et semble ne pas redouter le jugement des gens, Barbra Streisand, qui pourtant déborde d’énergie, souffre atrocement du trac. L’un est introvertie et non timide, l’autre extravertie et timide.
On se retrouve ainsi avec quatre zones correspondant à autant de personnalités différentes :
Les extravertis calmes, voir timides
Les extravertis non timides, voir impulsifs
Les introvertis calmes, voir timides
Les introvertis non timides, voir impulsifs
Et si vous ne savez pas vraiment où vous situer, vous pouvez répondre à ces questions que propose l’auteur :
Je préfère les conversations en tête à tête aux activités de groupe
Je préfère souvent m’exprimer par écrit et je n’aime pas le conflit
Je n’aime pas les échanges futiles , mais j’aime parler en profondeur des sujets qui m’intéressent
J’aime fêter les anniversaires en petit comité, avec un ou deux amis proches et la famille
Si vous répondez OUI à un maximum de questions, c’est que vous êtes probablement introvertie. Si les vrais et les faux s’équilibrent, c’est que vous êtes peut être ambivert (un mélange entre les deux).
Chapitre 4 - Le mythe de l’idéal extraverti
Notre monde tend à mettre sur un piédestal les personnes extravertie. On idéalise le charismatique et l’élevons au rang de capitaine de bord. Pourtant il n’est pas obligatoire d'être extraverti pour être un bon leader. En fait, l’introversion peut même être un atout de taille.
L’auteur raconte son expérience lors d’un séminaire auquel elle assista à Atlanta. A peine arrivée sur place, la réceptionniste lui tendit son pack de bienvenue en s’exclamant “Alors vous êtes impatiente ? ”. Quelques secondes après, elle est interpellée par le bruit d’une foule de participants déchaînés à l’autre bout du hall où se tient la convention. Le maître de conférence n’est rien d’autre que Tony Robbins, un coach et essayiste américain, également auteur de nombreux livres de développement personnel. En somme, Tout ce qu’il y a d’extraverti. Le but de son séminaire ce jour-là et les autres qui s’en suivraient, était d’aider les gens à être plus énergiques, plus dynamiques et à vaincre leurs peurs. Ses séminaires marchent tellement bien qu’il fait salle comble à chaque édition. Ceux qui ont payé de quelques centaines d’euros à plusieurs milliers le regardent admiratif, rêvant de devenir comme lui, un extraverti accompli.
C’est parce que nos sociétés estiment qu’il faut absolument être charismatique, énergique et sans peur, que nous rêvons tous d’être extravertis...En sommes, nous rêvons d’être comme Tony Robbins.
Et si l’idéal extraverti n’était qu’un mythe qui n’a que trop durer ? L’auteur en est pour sa part convaincu. On peut être un bon leader, un bon dirigeant, un bon père, un conseiller, un bon consultant, tout en étant introverti. On a tendance, selon Susan Cain, à surestimer la nécessité pour un patron à être extraverti. S’il est vrai qu’un dirigeant doit pouvoir prendre des décisions sans être hésitant au moment de s’adresser à ses collaborateurs, prendre le temps de réfléchir et se poser les bonnes questions avant d’agir est nécessaire pour tenir sur la durée.
Bon nombres de leaders comme Bill Gates, Larry Page ou Nelson Mandela ont su , au quotidien, parfaitement assumer leur rôle en tant que dirigeant. Mais cela sans renier leur identité profonde qui a toujours été une force, plutôt qu’une faiblesse.
Chapitre 5 - Les introvertis peuvent agir comme des extravertis
“un homme a autant de moi sociaux qu'il y a de groupes dont l'opinion lui importe. Il montre généralement un aspect différent de lui-même à chacun de ces groupes” William James
Bien que l’auteur estime que introvertis et extravertis possèdent des qualités et défauts différents, elle estime également qu’il n’existe pas réellement en société de véritable introvertis, ni de véritables extravertis. Selon elle, ces deux extrêmes, hyper-introvertis et hyper-extravertis, seraient soient des acteurs jouant un rôle en faisant semblant d’être ce qu’ils ne sont pas, soient internés en hôpital psychiatrique. Car on ne peut être mentalement stable en étant uniquement introverti ou uniquement extraverti. En réalité, les introvertis ont tendance à agir comme des extravertis, tout comme les extravertis ressentent le besoin d’agir en introverti de temps à autre.
Ce serait par exemple le cas d’un enseignant, qui pourtant introverti, tenterait de sortir de sa condition pour permettre à ses étudiants de mieux comprendre son cours. Adoptant une posture beaucoup plus détendue et un ton grave et assuré, encouragerait ses étudiants à plus de concentration durant le cours.
L’exemple ci-dessus est tiré de l’histoire de Brian Little, que l’auteur présente comme un ancien maître de conférence en psychologie à Harvard et lauréat de l’équivalent du prix Nobel d’enseignement supérieur. Ce professeur peut lors de ses cours être un subtile mélange entre le comédien Robin WIlliams et le scientifique Albert Einstein. Alors que ses cours finissent souvent sur un stand ovation, Brian Little est un épris de solitude qui vit avec sa femme dans une maison retirée dans la forêt canadienne.
Un extraverti ferait la même chose en devenant introverti le temps d’une journée et ce afin de prendre des décisions nécessitant plus de réflexion et de calme par exemple. Les étudiants de grandes écoles comme Harvard, encourageant pourtant l'extraversion, n’ont pas souvent d’autres choix pour réussir, que de passer plus du temps de qualité...avec eux-mêmes.
Soyez vous-même, sans avoir peur de sortir, de temps à autre, de votre identité pour en adopter une autre et parvenir à de meilleurs résultats.
Chapitre 6 - Il nous faut créer plus de place pour les introvertis dans nos sociétés
Que l’on soit parent ou chef d’entreprise, il est important de créer de nouveaux espaces de vie ou les introvertis pourront se trouver à leur aise. Beaucoup trop de lieux sont adaptés principalement pour les personnes extraverties.
Alors que l’open space dans les entreprises devient la norme, et que ne pas parler lors d’un anniversaire est vu comme une maladie, il est peut être temps d’imaginer d’autres façon d’interagir avec les introvertis qui ont énormément à apporter au monde.
L’idéal de l’open space est sûrement encouragé par la réussite de projets comme Wikipédia, la plus grande encyclopédie collaborative du monde, ou encore le système d’exploitation opensource Linux. Si ces projets sont effectivement le fruit de plusieurs personnes partout dans le monde, ce que l’on oublie souvent c'est que ces développeurs sont pour la plupart des loups solitaires, qui codent dans des espaces calmes et propices au travail en profondeur ou deep working.
Il est tout à fait possible de combiner espace de deep working et succès entrepreneurial. Nous connaissons tous Steve Jobs, ancien patron d’Apple et dirigeant charismatique. Mais Steve Jobs et Apple doivent aussi leur réussite à un certain Steve Wozniak, un ingénieur tout ce qu’il y a de plus introverti. C’est tout seul dans sa maison qu’il construit le premier ordinateur personnel de la marque Apple. Celui-ci sera ensuite vendu par le brillant commercial qu’était Steve Jobs.
Si le duo Jobs - Wozniak a si bien fonctionné, c’est parce que les deux Steve travaillaient tous les deux dans des environnements qui les correspondaient, sans presque jamais se travestir.
Ainsi, les entreprises doivent, si elles veulent tirer partie du potentiel de leurs collaborateurs, mieux aménager leur espaces de travail et miser si possible sur le télétravail. Nombre d'entreprises comme Zapier l’utilise depuis des années et avec beaucoup de succès.
Les parents doivent aussi apprendre à comprendre les besoins de leurs enfants introvertis, au lieu de vouloir les transformer en ce qu’ils ne sont pas. Ils peuvent par exemple, s’ils veulent que leurs enfants se fassent des amis, commencer par l’entourer de petits groupes de personnes proches, avant de l’ouvrir à un monde plus vaste et fort en stimulis.
Conclusion
Être introverti n’est pas un défaut, bien au contraire, nombre de dirigeants reconnus ou de scientifiques le sont ou l’ont été. Loin de vouloir dénigrer les qualités des extravertis, Susan Cain explique que introvertis et extravertis gagneraient à mieux se connaître, à mieux communiquer, ou s’entraider.
La vie est faite de bons compromis et il ne faut pas hésiter à en faire de temps en temps pour faire plaisir à un amis, un conjoint, ses étudiants par exemple.
Découvrez ce que vous voulez faire dans la vie, et si cela implique parfois de parler en public ou de faire du réseautage, acceptez temporairement d’en payer le prix. Vous en sortirez forcément grandi.
« Le secret de la vie consiste à se placer dans la bonne lumière. Pour certains ce sont les projecteurs d’Hollywood, pour d’autres le halo ouaté d’une lampe de bureau ».
Dans tous les cas, il vous faut apprendre à célébrer vos différences et celles des autres. Nous avons tous des choses à nous apporter les uns les autres.
Lewis Carroll était introverti, et sans cette qualité exceptionnelle, nous aurions peut-être jamais eu d’Alice au pays des merveilles.
Si vous êtes chef d’entreprise, nous rappelle l’auteur, un tiers voir la moitié de vos effectifs est constitué d’introvertis. Il est donc important de réfléchir à la meilleure façon d’organiser les espaces de travail. De même, les parents devraient accorder à leurs enfants le droit d’être introverti, tout en les encourageant dans leur volonté de découvrir le monde à leur propre rythme.